Azyz, bloggeur et activiste et Sabri Ben Mlouka, photographe franco-tunisien ont été arrêtés à Tunis le 13 mai 2014

Poursuite de la répression contre les activistes et les jeunes révolutionnaires en Tunisie

Ce matin s'est déroulé à Tunis la conférence de presse organisée par la famille de Azyz Amami, en vue du procès du vendredi 23 mai.

21 / 5 / 2014

La nuit du 13 mai à la Goulette, quartier de Tunis, Azyz Amami, célèbre bloggeur et activiste tunisien a été arrêté avec son ami photographe Sabri Ben Mlouka.

Il suffit de s'intéresser aux activités récentes de Azyz pour en comprendre les raisons.

Dans les semaines précédent l'arrestation, Azyz et d'autres activistes tunisiens travaillaient sur l'affaire des jeunes tunisiens interpellés par la police et incriminés pour avoir participé à la révolution. Les accusations retenues à leur encontre sont la dégradation de biens matériels, l'incendie de poste de police ou autres bâtiments. Au total, 68 personnes  sont aujourd'hui incriminées et le nombre ne cesse de s'accroître. Parmi les accusés, on compte plusieurs frères, sœurs ou parents des martyrs de la révolution. Pour mettre en évidence l'injustice et dénoncer la criminalisation des protagonistes de la révolution, saluée par tous comme une victoire des jeunes contre la dictature, Azyz avait lancé une campagne intitulé "Moi aussi j'ai brûlé un poste de police".

Lors d'un entretien télévisé, Azyz avait en effet déclaré que, si le gouvernement tunisien souhaitait réellement poursuivre les responsables des incendies des postes de police du pays, il devrait d'abord commencer par les policiers eux-mêmes. Azyz a soutenu d'avoir les preuves vidéos qui montrent des policiers incendier leur propre poste de police pour éliminer archives et preuves de violations des droits de l'homme perpétrées pendant le régime de Ben Ali. Comme par hasard, le poste de police en question s'avère être celui de la Goulette. Il est donc légitime de suspecter que les policiers de la Goulette ont frappé et interrogé arbitrairement Azyz pour ses déclarations télévisées et sa campagne Facebook.

Pendant la même période, Azyz  soutenait activement les familles des martyrs et blessés de la révolution sous le choc du jugement rendu par le tribunal militaire et non civil du 12 Avril 2014. En effet le jugement a drastiquement réduit les peines infligées aux responsables de la répression de la révolution qui ont causés la mort de plus de 300 jeunes. Le jugement prévoit notamment la libération des hauts-cadres de la police et de l'armée. L'unique condamnation confirmée est celle de l'ex dictateur Ben Ali, en fuite avec sa famille en Arabie Saoudite.

Les charges d'accusations retenues contre Aziz et Sabri, sont la consommation et la vente de haschich, accusations largement utilisées pendant le régime de Ben Ali et pendant les derniers mois. De  nombreux activistes et artistes tunisiens ont connus le même sort en 2013 et ont été arrêtés et emprisonnés. De là, le débat sur l'utilisation du code pénal issu de régime Ben Ali et non harmonisé avec la nouvelle constitution s'est développé.

C'est donc avec la conviction partagée par plusieurs que Azyz a été arrêté arbitrairement avec de fausses accusations dans l'intention évidente de taire une des voix les plus actives dans la dénonciation de la répression policière. L'arrestation de Azyz et Sabri ne sont pas des cas isolés, et il rentrerait dans une stratégie plus vaste, poursuivie par le gouvernement et la police, stratégie ayant l'objectif de délégitimer la révolution et de reproduire les méthodes du régime Ben-Ali.

La campagne de soutient pour "les Enfants du peuple"

Pendant la conférence de presse, Khaled Amami, père de Azyz Amami a dénoncé l'arrestation arbitraire et les violences subies , il explique que Azyz a été frappé par la police et détenu plusieurs heures sans pouvoir communiquer avec sa famille et ses avocats.

Les avocats ont déclarés pendant la conférence que Sabri a reçu une proposition de la part de la police qui consiste à décharger les accusations sur Azyz en échange d'être immédiatement relâché, proposition que Sabri a refusé et qui démontre encore une fois la volonté politique d'incriminer la personne de Azyz.

Pendant la conférence de presse les prochains rendez-vous de la mobilisation en soutient à Azyz, Sabri mais aussi tout les activistes arrêtés ou poursuivis par la police.

Pour suivre les rendez-vous  une page facebook : Free_Azyz a été créer. En vue de la première audience du procès qui se tiendra le vendredi 23 mai au tribunal de Bab Bnet à Tunis à 9h, une manifestation de soutien est prévue devant le tribunal. Pendant la conférence, les familles et avocats ont appelés à signer la pétition pour la libération d'Azyz : link.

Contributo di Ines Tlili

Contributo di Khaled Amami